LE BEAU AU BOIS DE BOULOGNE, PARACELSIA LE SAIGNÉ – LECTURE 9

« Un jeune écrivain plonge dans un coma douteux qui profite à son éditeur et voit défiler à son chevet ses détracteurs/trices et admirateurs/trices. »

Le Dojo Fifi Roukine (taille reelle)
Couverture réalisée par Paracelsia Le Saigné

JOUR LECTURE 9

Le temps d’un vomi matinal, Parapet enfila son sourire comme on se pare d’un bijou coquet afin de faire oublier la taille de ces ternes et son teint dégueulasse.
— Peu importe qui vous êtes et qui vous envoie, je n’y retournerais pas ! cria-t-elle à son reflet dans le miroir de la salle de bain.
Elle replongea sous les draps à 6 h, et crut entendre Mat lui ordonner de bouger tout son gras pour se hâter de le secourir.
— Et c’est qui la madame qui va encore se plaindre que je provoque des merdes même quand je dors ? Viens hurler sur des inconnus qui veulent utiliser mon corps ! Couillonne ! Après, tu vas te détester de ne pas avoir su préserver ma virginité.
— Tu es une petite innocente dévergondée !
— Je ne te laisse pas te recoucher ! Ce n’est pas un travail sérieux. Je change d’agent à mon réveil, si je m’en sors, si aucun de ces tarés ne me tue avant.
— Tu n’es pas Mat, c’est juste un résidu de toutes tes phrases blessantes… Je souffre. Ma tête en ce moment, c’est la Tour infernale.
— Et c’est qui la madame qui a bu du rouge bas de gamme avec du sulfite ?
— Ce n’est pas drôle de s’engueuler avec une projection…
Elle eut encore des remontées avant de décider d’investir la douche pour se réveiller un coup et davantage dégobiller sous le jet d’eau.
Parapet se résolut à commander un Uber lorsqu’au volant de sa voiture la voix de l’autre l’interrompit.
— C’est qui la madame qui risque un accident ?
— Putain, je vais finir par appeler un exorciste ! Bordel !
À son arrivée sur le site, une camionnette entièrement noire était garée. Elle n’était pas la première et redoutait le pire. Des hurlements provenaient de la maison, le vigile attendait dehors les écouteurs sur les oreilles, terrifier.

— Il y a ce type, il a débarqué avec son regard monstrueux, ses gants sombres, il a déchargé tout un tas de trucs et il s’est enfermé dans la chambre. Au début, j’ai eu l’impression d’entendre des vagues et un roulement de tambour. Tout est devenu inaudible, quand je suis rentré là-dedans, il est resté impassible, je jure que je n’arrivais à rien lire sur son visage… Rien dans ses yeux, juste un terrible malaise. Qui est ce type ? C’est le diable ?
Au fur et à mesure que la nausée de Parapet augmentait, la musique l’attirait, enfin, les chants funèbres, il devait probablement se dérouler un truc satanique dans la chambre de Mat, mais curieusement, elle trouverait ça moins dérangeant que les tentatives de viols de Sophie.
Elle frappa à la porte, et la voix caverneuse de l’invité du jour lui ordonna d’entrer.
Il avait baissé un peu son vacarme et l’attendait les mains jointes, une position quasi militaire qui intimida la jeune femme. L’homme portait des vêtements larges et sombres, par-dessus sa tenue, un tablier de cuir et serrait un tuyau entre les doigts.
— Vous… Vous avez effrayé le type de la sécurité avec votre son… Du black métal, je suppose…
Il ne répondit pas, et après l’avoir longuement regardé sans exprimer la moindre intention, il continua à faire sa cuisine et aligna des bidons près de Mat. Malgré l’envie de vomir qui persistait, Parapet prit peur.
— Excuse-moi, Varg Vikernes, tu comptes foutre le feu là ?
Puis elle se tourna vers un pot de fleurs pour évacuer son angoisse.
— Soirée pénible ?
– Mauvais alcool.
Elle lui fit face de nouveau.
— Comment connais-tu Varg Vikernes ?
— J’ai lu ce putain de bouquin, Lord of Chaos. Je possède une liste de clients qui aiment me faire découvrir des choses.
— Je m’appelle Groumf. 
— Tu es la blanche neige gay black métal du jour ?
— Je suis son pire cauchemar. J’ai créé trois bières pour tenter de le réveiller d’entre les morts.
— Il a partiellement foutu le camp, vous savez. Par où comptez-vous passer ça ?
— Un trou suffira… Et bien que l’idée de défoncer des culs me fasse plaisir, je ne suis pas fan des fions masculins. Je ferais coulisser le tuyau par son œsophage pour le forcer à refaire surface.
— ET s’il recrache ?
— J’ai une bassine.
— S’il ne revient pas ?
— Je l’égorge pour mettre fin à ses souffrances, je le démembre pour balancer sa viande un peu partout dans la ville. Je lance un immense jeu de puzzle pour celles qui sont fans de la merde qu’il a pondue dernièrement. Ce qui sera un avertissement salutaire pour tous ces enfants de salauds qui cherchent à faire du fric avec du vide.
Il raconta ça avec tout le sérieux du monde, il n’y avait aucune prise sur sa figure, des yeux si sombres qu’ils vous gardaient en otage un moment, elle voulait mourir dans un coin pour qu’il ne la regarde plus comme ça.
— Je plaisante, vous savez. J’ai de l’humour.
Elle se mit à rire et à pleurer d’un coup.
— Mais son dernier bouquin, c’est toujours de la merde.
Il imposa la musique à fond les ballons et introduisit le caoutchouc dans la narine de Mat.
— Levure silésienne, un mélange pas extrêmement subtil avec du houblon anglais. Jus de couilles douloureuses, la rencontre des forces obscures, ça t’arrache le gosier avant que le reste n’assure la sortie.
Sans surprise, le corps se défendit en recrachant par le nez la mixture que Parapet voulut goûter.
— Brave femelle ! 
À vrai dire, c’était amer, mais délicieux.
— Celle-ci, c’est la fonte des glaces. Une mer de saveur ambrée et fruitée, une IPA venue du fond des âges, mais une pointe de fraîcheur qui lui donne du piquant. 10 degrés à la gorgée.
Même scénario, la bassine se remplit de nouveau, et Parapet en profita pour tester.
— J’adore !
— Ne te presse pas, fillette. Le dernier, il va te plier en deux. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris, nostalgie certainement pour l’alcool de clodo période lycée. La subtilité est morte dans cette préparation, j’ai juré apercevoir l’âme de vieux pourris s’enfuir de mon bidon.
Mat ne se réveilla pas, mais Parapet se mit à sauter partout. Le cerveau en ébullition, elle avait chaud, l’estomac constamment au bord des lèvres. Elle crut voir pousser des cornes sur la tête de Groumf. Elle entendit son rire effrayant dominer « One within the sun » d’Atavistia, mais tout ceci ne l’inquiéta pas le moins du monde. Elle avait l’impression d’admirer ses membres qui se fissuraient sur des mots ensanglantés qu’elle montra à Groumf au bord de l’hystérie. Puis elle se mit à danser dans la pièce aspergeant de beaux verbes le mobilier et les murs. Elle pleura un moment le dos tourné aux autres personnes présentes avec elle dans la chambre, observant ses poignets se suturer elles-mêmes. Les cicatrices formaient des bouches qui accompagnèrent les paroles ; « I embrace the creation of what lies submerged, amidst the shattered leaves across the frozen ocean. The spirits come forth as contenders to salvation » Parapet pouvait sentir son cœur enflé, gonflé dessous sa poitrine. Elle plongea alors sa main droite sous son enveloppe friable, déchiquetant la chair, grattant l’encre noire qui lui coulait des veines, des yeux, des oreilles et du nez. Sa souffrance en lambeaux de papiers exposée aux yeux du démon.
— MON DIEU ! NOUS AVONS OUBLIÉ LA CRÉATION… Mat est puni ! Mat est puni !
La dernière chose qu’elle vit avant de se noyer dans le rien, le vide absolu ; c’est Groumf enfilant son masque de bourreau.

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