LE BEAU AU BOIS DE BOULOGNE, PARACELSIA LE SAIGNÉ – LECTURE 8

« Un jeune écrivain plonge dans un coma douteux qui profite à son éditeur et voit défiler à son chevet ses détracteurs/trices et admirateurs/trices. »

Le Dojo Fifi Roukine (taille reelle)
Couverture réalisée par Paracelsia Le Saigné

« Un jeune écrivain plonge dans un coma douteux qui profite à son éditeur et voit défiler à son chevet ses détracteurs/trices et admirateurs/trices. »

JOUR LECTURE 8

Ce client était différent des autres, c’est ce que Parapet s’était dit en observant ce drôle de gus qui semblait aussi à l’aise sur son canapé que dans un bar plein de crocodiles prêt à le dévorer et qui essayait sincèrement de paraître snob.

— Pourquoi veux-tu bosser avec moi en gros ? Ma collègue Sophie te court après depuis ton best-seller, qu’est-ce qu’il lui manque ? Elle insinue que ce serait une bite parce qu’elle ne conçoit pas d’échec, tu te sens humilié et tu viens toquer chez la folle qui croit encore au talent ?

— Sans doute parce que la folle qui croit encore au talent n’a pas essayé de me refourguer un contrat d’enculés, ou de tenter de me sucer pour fêter notre collaboration.

— Je prends des notes si tu veux bien… C’est pour… quelqu’un ?

Ils étaient devenus amis, on ne sait comment, alors qu’elle le trouvait si prétentieux, Parapet ne parlait plus de lui comme étant son client, elle ne disait plus Monsieur Suppôt, mais l’idiot du village.

— C’est un imbécile qui se rêve important, disait-elle.

— Tu tentes de guérir quelque chose alors que tu devrais apprendre à en produire une force.

C’était le genre de conneries que pouvait lui servir Mat lorsqu’elle était émotionnellement saturée. Elle avait la tête remplie de bourdonnements et la gorge acide. Parapet souhaitais disparaître, elle avait du mal à respirer et restait cachée dans un coin de son bureau. Elle n’implorait personne et suppliait que la crise s’achève. Mais Mat venait lui rendre visite, il attendait en lui déversant des paroles absurdes tandis qu’elle s’enfonçait dans la mélancolie la plus totale. Sa voix la ramenait toujours à la surface.

— Franchement ! Bah voilà. Je suis formidable. Tu devrais me payer pour tes séances de psy. Je ne déconne pas, j’ai besoin d’une avance.

— Va te faire foutre !

Elle entretenait des souvenirs de ce genre tout le long de la route qui la menait à la surprise du jour, mais lorsqu’elle aperçut le 4X4 de Sophie, elle commença très sérieusement à paniquer. Elle priait qu’elle n’ait pas l’idée d’épuiser tout son stock d’autrices de romance. Elle se gara en catastrophe sans passer par la case salle de contrôle, sans un regard pour le vigile et entra comme une bombe dans la chambre. Elle hurla avant de se raidir pour comprendre ce qu’elle voyait.

— Mais putain, Sophie, qu’est-ce que tu fous ?

Elle avait mis une chanson suave d’Al Green et se dandinait sur le corps inerte de Matthieu Suppôt. Elle attrapa la télécommande et coupa le son, descendit du comateux en justaucorps de cuir et ramassa sa cravache. Même si les bougies qu’elles avaient dispersées dans la pièce pour sa mise en scène tordue sentaient incroyablement bon, Parapet sentait bien qu’elle était sur le point de vriller.

— Le pit-bull ! Sans rire, il faudra m’expliquer ce qu’il t’est arrivé pour que tu deviennes aussi chiante.

— Mais tu étais sur lui… TU ÉTAIS SUR LUI !

— C’est ton client, pas ton mec… Détends ton vagin meuf !

— Je vois que le concept de personne et de consentement, ça ne te parle toujours pas.

— Bla-bla-bla, tu aimerais qu’il soit juste à toi… Je comprends, un best-seller, ça donne de jolis orgasmes.

— Sophie… Sophie, arrête ! C’est pareil, je voudrais savoir ce qu’il t’est arrivé pour que tu deviennes aussi froide et salope.

— OH MON DIEU ! Elle a dit salope… Ne bouge pas, j’appelle les flics. Pas gentil Parapet, pas gentil !

— Tu étais sur un type plongé dans le coma. C’est quoi le thème pour le réveiller avec ta tenue ? Puputa from the dead ?

Sophie s’approcha de Mat et lui caressa les joues avec la claquette.

— Fais attention à ce que tu trafiques !

— Oh, tu ne veux pas que j’imprime une marque sur ce visage ? Pardon.

Elle fit glisser le bout de son jouet sur le corps de Mat tout en soutenant le regard affolé de Parapet.

— Tu sais avant que tu n’arrives, j’ai jeté un bref coup d’œil à ton connard de client. C’est si gracieux… Il se dresse l’inconscient… Les trésors partent chez moi en général. Qu’est-ce que tu as fait Miss Parapet ?

Elle massait son sexe sous les draps de façon si obscène que l’autre tenta de contenir la colère qui la submergeait.

— Je te jure que j’appelle les flics.

— Allez, fais mieux que ça… Je sais que tu peux mieux faire.

Sans attendre une nouvelle répartie, Parapet attrapa le pot de fleurs qui se trouvait près d’elle et visa Sophie qui se décala à temps avant que l’objet n’aille se briser sur le mur derrière elle.

— PARAPET ! BRAVO ! hurla Sophie au bord de la crise de rire.

— C’EST UN PUTAIN D’ÊTRE HUMAINS ! CE N’EST PAS VOTRE JOUET ! CASSE-TOI !

Sophie cessa de palper Mat, elle parut se calmer quelques instants.

— Voyons, tu n’as pas besoin de te rendre dingue pour si peu. On s’amuse. Tu te rappelles ce mot au moins ?

— Casse-toi, il ne s’est pas réveillé. L’essai est manqué. Casse-toi !

Sophie se pencha une dernière fois vers l’endormi.

— J’espère que tu te souviendras que je t’ai sucé. 
Une migraine soudaine eut raison de la patience de Parapet qui se jeta sur elle. Sophie l’évita et se mit à courir hilare vers la sortie poursuivie par sa collègue. En sécurité dans sa voiture imposante, elle lui cria qu’elle avait menti à propos de la pipe et démarra en trombe. Parapet essayait de transformer sa bagnole en balai dans sa tête, peut-être qu’en y pensant très fort, cette sorcière se retrouverait le cul poser sur son époussette dans son accoutrement de pétasse.

En retournant auprès de Mat pour le couvrir, et ranger le foutoir qu’elle avait laissé, le vigile s’approcha d’elle un peu intimidée.

— Je peux avoir son numéro. Elle est carrément trop hot.

— Oh, ne vous inquiétez pas, elle reviendra, c’est comme un cafard. Après tout, nous ne sommes qu’au 4e jour de ce merdier.

Elle souffla les bougies, aéra la pièce un bon coup, supplia un long moment son ami de sortir de l’enfer noir où il se trouvait.

— Tu sais petit con, je vais devoir me procurer un flingue, tu provoques plus de problèmes immobile et silencieux que bruyant et remuant. Le plus triste, c’est que tes ventes explosent, j’ai de quoi rembourser mes dettes, mais je veux qu’on arrête de te traiter comme ça. Il faut revenir Mat, pitié.

Lorsqu’elle s’en alla, Parapet se demanda si elle ne devrait pas foutre Mat dans sa bagnole et le cacher de tous ces vautours, mais on se déchainerait contre elle. Ça n’aiderait pas. Elle entama une bouteille de rouge.

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