LE BEAU AU BOIS DE BOULOGNE, PARACELSIA LE SAIGNÉ – LECTURE 7

Le Dojo Fifi Roukine (taille reelle)

Couverture réalisée par Paracelsia Le Saigné

« Un jeune écrivain plonge dans un coma douteux qui profite à son éditeur et voit défiler à son chevet ses détracteurs/trices et admirateurs/trices. »

JOUR LECTURE 7
Parapet ouvrit les yeux sur la boule de feu qui tentait de percer les volets de sa chambre, à travers les rainures. C’est le printemps entier qui lui ordonnait de se défaire des oripeaux de la nuit pour se bouger le cul à aller accueillir le ou la prétendante du jour. Elle avait un goût désagréable dans la bouche qui l’envoya aux toilettes dès qu’elle mit un pied à terre. En se brossant les dents, elle se rappela du rêve extrêmement étrange qu’elle fit. Une espèce de George Lucas tout juste sorti de la fac avec son t-shirt d’intello que personne ne comprenait « Eux – Moi C/Mort » lui expliquait qu’elle devrait se calmer un poil, que tout ceci n’était qu’un jeu et qu’il fallait être patiente. Elle risquait certainement un ulcère à force de s’inquiéter pour un petit prétentieux qui s’ignorait.
— Putain, tu es qui ? lui avait-elle demandé. — Alors toi, tu es formidable, tu ne crois pas en moi, mais tu m’insultes quasiment tous les jours. Comment je peux te manquer à ce point sans exister à tes yeux. — C’est l’habitude, avait-elle répondu complètement hébété. Il faisait tout noir dans cette marée infernale, ils étaient seuls. Lui était assis sur un support invisible et elle, redevenue une enfant timide face à ce juge atypique qui la regardait durement au-dessus de ses lunettes carrées.
— Dieu ?
— Oui, souillonne. C’est moi.
— Pourquoi ?
— Ne me refais pas le coup du vide ou du sens de la vie. Je n’ai pas le temps. Je suis venue te dire que ton hypertension se développe et que cette histoire ne va rien arranger si tu la prends trop au sérieux.
— Sans rire ! Tu t’inquiètes pour moi.
— Je m’inquiète pour vous tous, d’autres un peu plus. Et il y a ceux dont je n’en ai rien à carrer et crois-moi, ils sont légion. De toute façon, en ce moment, c’est trop chargé là-haut. Allez, bonne nuit, éteins-moi cette télévision et file dans un véritable lit pour dormir. Et elle s’était réveillée. Sur le chemin, elle avait écouté l’« O Quam Tristis » d’Andreas Scholl comme pour maintenir ce début de journée ouaté et nimbé de tristesse qui lui faisait se sentir incroyablement mieux. Dans l’allée, une Peugeot antique grise l’attendait, mais là encore elle était calme. Elle prit place dans le garage transformé en tour de contrôle pour examiner l’écran et tout fondit d’un coup, elle poussa un énorme soupir.
— Tiens, un gros porc pète au visage de mon malade. Tout va bien… Tout va follement bien. Elle se rendit dans la chambre de Mat, saluant le vigile de jour qui était rivé à son portable.
— Bonjour, hurla-t-elle presque. Le prétendant du jour, un bonhomme imposant à lunettes et chemise hawaïenne sursauta et lui adressa un grand sourire benêt. Elle remarquait sa bouche immense se déployer pour balancer une connerie. Il était barbu, un renard argenté beaucoup trop vieux pour élaborer ce genre de blagues. La pièce empestait davantage.
— Bonjour, vous devez être Sam le pompier. Il éclata de rire à cette réplique tant attendu.
— Très bien, je vois. Un plaisantin.
— Elle était à tenter au cas où quelqu’un connaitrait le dessin animé…
— Et du coup, votre tactique, c’est de lâcher des caisses pour l’étouffer, le coupa-t-elle. — C’est une technique comme une autre. Au pire, l’envie de vomir peut le faire bouger. Attendez ! Il alla jusqu’au lit, se tourna vers le visage paisible de l’endormi et sortit une pétarade de l’enfer qui cloua le bec de Parapet.
— Il est venu de l’Australie celui-là. — MAIS ÇA NE VA PAS ! — Cela ne vous ennuie pas de me perturber pendant que j’essaye ? Parapet oublia son professionnalisme face à l’homme des cavernes qui continuait à péter sur Mat.
— Je suis là putain et tu pètes devant moi. — OH MADAME a le nez délicat.
— Ça s’appelle la bienséance trou du cul.
— Le trou de mon cul tente sa chance puisqu’on ne peut pas le toucher. J’aurais essayé une bonne torgnole qui lui décalotte la tronche, il se serait déjà levé ton zombie. MAIS À CROIRE QUE CELLE QUI A PONDU LA RÉGLEMENTATION EST STUPIDE, ON NE PEUT PAS LE TOUCHER !
— J’ai eu raison, tu lui chies dessus presque, qu’est-ce que ça aurait été si vous aviez eu le droit de… Mais merde, c’est un être humain, il est dans le coma et vous en parlez tous comme si c’était à jouet à casser. C’est Matthieu Suppôt bordel !
— Et ?
— Un peu de respect, juste un peu de respect. Il y eut un moment de silence pesant, où Parapet tentait de ne pas craquer devant l’imbécile du jour.
— Ce qui veut dire que je ne pourrais pas vider mon cul sur lui alors que ça pourrait lui sauver la vie.
— Dehors !
— Attends ! Elle n’eut pas le temps de le stopper, il se déchargea à nouveau sur la face du malade avant de s’enfuir en courant. Parapet alla ouvrir toutes les fenêtres de la chambre pour aérer un peu et faire sortir l’odeur affreuse qui commençait à stagner et à imprégner les tissus des meubles.
— Jour 3 bon sang, râla-t-elle en regardant le plafond au-dessus d’elle comme si elle s’adressait au Dieu de son rêve.

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