LE BEAU AU BOIS DE BOULOGNE, PARACELSIA LE SAIGNÉ – LECTURE 3

Le Dojo Fifi Roukine (taille reelle)
Couverture réalisée par Paracelsia Le Saigné

« Un jeune écrivain plonge dans un coma douteux qui profite à son éditeur et voit défiler à son chevet ses détracteurs/trices et admirateurs/trices. »

LECTURE JOUR 3

Bonjour, j’ai lu hier soir. Je dois avouer que ça à l’air stupide, mais je vais tenter d’y apporter un peu plus de vie. La suite… est très spéciale. Je n’osais rien dire pour le début du récit, mais là ça devient franchement étrange. Je sais que mon avis vous flatte légèrement le poil de cul, mais tout de même… Oui, très bien, allons-y. Clap du troisième jour.

L’agent de Matthieu Suppôt s’était précipité à l’hôpital Debré où des centaines de journalistes s’amoncelaient à l’entrée, repoussée vaillamment par quelques gardes de sécurité. Mais Parapet avait aperçu les cornes de Satan s’élever dans la masse, son sourire obscène s’affichait dans la nuit, alors qu’elle pouvait à peine ouvrir les yeux.

— Ho ! Maman est là, plaisanta-t-il.

— Il est hyper tard, et y a déjà tout ce monde. Pourquoi ces journalistes ? C’est toi qui les as prévenus ?

Elle l’avait arrêté en tirant sur sa veste pour qu’il la regarde et lui parle enfin de tout ce merdier. C’était extrêmement énervant d’avoir à gérer un comportement aussi manipulateur et instable. Satan s’amusait constamment des déboires des uns et des autres et les utilisait pour ses intérêts. Autrefois, elle essayait de l’avoir par des promesses séduisantes, mais il n’y avait que l’argent qui comptait pour lui.

— C’est quoi cet air grave sur ton visage ? Tu veux lâcher un pet ? Tu sais, c’est mauvais pour les rides les grimaces que tu fais tout le temps.

— Tu m’as sorti du lit pour m’annoncer que Mat était à l’hôpital, j’ai le cœur en feu d’avoir supposé le pire, espèce de connard et là, je trouve tous ses journalistes. Tu réfléchis à toute allure quand tu as une idée répugnante en tête, tu es infoutue de cuire un œuf, mais tu peux bousiller les carapaces des plus solides. Tu es dangereux. 
— La flatterie ne mène à rien petite Gargamel.

— Qu’est-ce qu’il a ?

— Une sorte de crise, alors on m’a vaguement dit que ses fonctions vitales étaient quelque chose… Je n’ai retenu que le mot : coma.

— Tu sais ce qu’il s’est passé ?

— La femme de ménage l’a trouvé recroquevillé sur lui-même au beau milieu du salon, il y avait un cocktail explosif d’alcool sur sa table, je crois que ça a contribué à son état.

Parapet le lâcha. Elle essaya de dompter la tension de son visage, parce qu’il avait raison à propos des rides, et qu’il l’observait avec une mine assez écoeurée.

— C’est anormal, tu as les pores de la taille d’un trou à golf, tu as pensé à faire des masques ? Voir enfin une esthéticienne ?

— Mon Dieu, est-ce que tu t’inquiètes pour ton ami ? Est-ce que c’est encore ton ami, où tu as paumé ton âme en devenant directeur de tout ce cirque ?

Mathieu avait aspiré profondément, les yeux fermés, il avait l’air de se repentir en laissant apparaître un semblant de tristesse. Puis il dessilla un œil pour le fixer sur elle, la sournoiserie s’affichait au-delà de son mépris pour ses sentiments, elle l’aurait crevé.

— Alors, oui, il faut que je te parle du projet. Ne hurle pas s’il te plaît.

— Je peux juste le voir ? Juste le voir, je m’inquiète réellement moi.

— Alors oui… Non. Il est occupé. Il a de la visite.

Elle voulait avancer, mais il lui barra la route. Parapet écarquilla les yeux, elle s’approcha de lui, menaçante pour le plaquer contre le mur, même s’il la répugnait un peu.

— Il est 4 h du matin, je suis de très, très mauvaise humeur. Je dois voir mon client qui est très certainement dans le coma à cause de tes conneries et là, tu m’annonces qu’il n’est pas seul. Sa famille se trouve à un millier de kilomètres. Or, si ce n’est pas un médecin ou des infirmières, QUI est avec lui ?

Mathieu laissa échapper un couinement désagréable, les yeux sillonnant le plafond de l’établissement à la recherche d’une réponse convenable qui ne provoquera pas trop de drames.

— Ne crie pas. Et je te montre d’accord ?

Il l’avait entrainé au chevet de Mat, il y avait deux vigiles à l’entrée de la chambre qui se sont mis au garde-à-vous en apercevant le directeur et l’agent.

— Écoute vraiment, avant d’entrer, tu promets de ne pas hurler.

Elle s’en moqua éperdument et pénétra dans la chambre. La pièce était tapissée de fleurs, l’odeur était si obsédante que Parapet eut envie de vomir. Mais elle balança des horreurs en découvrant une jeune femme à moitié nue sur le corps endormi de Matthieu Suppôt.

La créature sursauta, elle se leva avec maladresse et dégringola sur le sol entrainant presque l’homme malade avec elle.

— Mais ça ne va pas de crier comme ça ! Vous êtes qui ?

— NON ? TOI ? TOI, TU ES QUI ?

— Bah moi, c’est H, répondit-elle avec désinvolture.

Elle avait récupéré sa robe en se redressant les seins à la vue de tous. Le sourire en fente qu’elle abordait et qui s’élargissait au fur et à mesure qu’elle reprenait ses esprits lui donnait un air de folle à lier.

— Je suis la première princesse de ce cher Matt, je tentais de le réveiller avec un baiser tendre.

— Satan ! SATAN ! Qu’est-ce que cette personne fiche sur un malade à poil et de quoi parle-t-elle. Je vous bute tous les deux, je vous jure. Elle se tourna vers l’imprudente. TU te rhabilles, bordel, avant que je prenne le téléphone et que j’appelle les flics !

— Attends, j’ai eu une idée de génie vraiment. Laisse-moi d’abord t’en faire part. Pour la promo du livre, on propose de le réveiller à tous ceux qui veulent tenter leur chance, un moyen décent et ludique de faire perdurer le mood de son bouquin.

Il avait expliqué ça d’une traite puis avait observé la réaction de Parapet en reculant un peu histoire de ne pas s’en prendre une. La dite H n’avait toujours pas recouvert sa poitrine et ses yeux allaient du corps de Matthieu Suppôt vers les deux gus qui se chamaillaient.

Parapet avait plaqué ses poings devant son visage sans doute pour dissimuler sa tempête intérieure ou garder ses armes quelque part alors qu’elle voulait les foutre sur la tronche du cinglé devant elle qui parlait de faire de son écrivain dans le coma un panneau publicitaire dégradant pour son œuvre tout aussi dégueulasse.

— Tu peux la mettre dehors s’il te plaît.

— Tu ne peux pas arrêter ça, tu le sais, le temps qu’une instance judiciaire se saisisse de cette affaire, il y aura eu des centaines de prétendantes. Mlle H est une fervente admiratrice du beau au bois de Boulogne, elle tient un blog animé et un discord qui draine d’autres consommatrices. Je pense qu’il serait ravi qu’on puisse avoir envie de l’embrasser. Il obtient désormais la gloire qu’il souhaitait.

— Tu peux la mettre dehors s’il te plaît. Si elle s’approche encore de lui, je la tue et je t’arrache les couilles.

Mademoiselle H était sur le point de se pencher vers l’endormi quand elle saisit la menace et cessa toute action pour se vêtir enfin.

Satan prit une profonde respiration et se tourna alors vers elle.

— Très chère Mademoiselle, vous n’aviez le droit qu’à un essai. Il n’a pas bronché. Vous avez failli.

— Même pas un dernier, avec la langue. Non, mais c’est fou, il a des lèvres tellement douces.

Comme s’il avait pressenti le danger que cette réplique pourrait provoquer, Satan s’était élancé vers elle pour la mettre dehors.

— Lâche-moi, enculé ! Je vais réveiller le beau prince ! I’ll be back ! S’était-elle défendue.

Parapet avait la conviction que l’enflure devant elle avait déjà mobilisé toutes ses petites mains pour faire circuler sa merde. Même chaos, Mat allait s’en prendre plein la gueule. Une telle idée était abjecte, pourtant, elle savait que ça marcherait, la preuve avec la première prétendante. Il fallait réfléchir, trouver une parade, un compromis. Elle n’était qu’un agent, seul un membre de sa famille pouvait agir. Mais le temps que quelqu’un se charge de cette bizarrerie, la justice adopterait un tout autre rythme, et cette chambre aura vu défiler pas mal de tarés.

— Je sais que tu désires proposer un deal l’affreuse. Allez, crache tout !

Elle l’affronta sans énervement cette fois. Il se délectait beaucoup trop des impacts de toutes ses provocations.

— Tu lui trouves une pièce médicalisée, si ce n’est pas possible de t’empêcher de faire cette dinguerie, je veux que tu sois plus vigilant, mets une caméra pour que je puisse intervenir s’il y a un problème. Je souhaite UNE visite par jour, pas une de plus. Ils tentent et si Mat ne se réveille pas, ils se barrent. Pas de baiser, que dalle ! C’est une atteinte à sa dignité bordel, c’est du viol….

— C’est un bien grand mot, dis-moi, tu sais l’utiliser ? L’épeler ? Le placer dans une phrase ?

— C’EST UN VIOL ! J’aurais le droit de demander un agent de sécurité, je promets de ne pas péter des gencives ou des briser des os, mais tu dois prévenir de ne pas toucher à Mat.

— Ce ne serait pas une excuse pour mater Mat ?

— Ce ne serait pas une excuse pour gagner une queue fourchue en enfer ? C’est quoi ton problème, t’arrive plus à bander alors tu fais des merdes plus grosses que ton égo ? 
Un long moment, elle garda le silence. Il semblait réfléchir, mais elle le connaissait, il avait pris sa décision. Un haussement d’épaules de sa part scella un pacte stupide sur le malheur d’un de leur plus vieil ami. Mais c’était ça ou ne plus avoir aucun contrôle sur cette mascarade.

Oui. Aujourd’hui, il y a eu énormément de dialogue. C’était assez cool de réaliser autant de voix, ça change. Mon personnage favori pour l’instant ? Mat, enfin, je veux dire Satan. Je lui trouve quelque chose de sexy. Oui, le fameux bad guy qui remue toute la gadoue en nous. J’ai hâte de connaître les prétendantes… Oh oui les prétendants aussi…

À demain.

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