LE BEAU AU BOIS DE BOULOGNE, PARACELSIA LE SAIGNÉ – LECTURE 12

Le Dojo Fifi Roukine (taille reelle)
Couverture réalisée par Fifi Roukine, source photo : RODNAE Productions

Le sensei de Laure l’a prévenue qu’elle lui plaisait. Laure provoque dès lors cet homme strict voire sexiste sur la tenue des femmes dans le dojo tant par insolence que par curiosité sexuelle.

LECTURE JOUR 12
La nuit jetait ses doutes en début de soirée et depuis les haies d’arbustes qui entouraient la résidence, il observait les habitudes de la piaule. Son attention se porta spécialement du vigile affable qui trainait son poids du point a au point b de la maison, les yeux perpétuellement rivés sur son potable. Parfois, il écoutait un peu de musique et effectuait des pas de danse grotesques en se félicitant lui-même d’avoir tenu un cardio aussi longtemps. Plus tard, l’obscurité rendit tout silencieux. Après le départ de Parapet, celui qui était censé surveiller la demeure invitait une femme dans l’arrière-cour pour l’embrasser, la peloter un peu et commencer un rituel immuable qu’Anthony connaissait bien. Puis les amants se précipitaient vers la bâtisse. Ce soir-là, il décida à nouveau de pénétrer l’antre de l’écrivain endormi. La capuche sur la tête, il se faufila dans la maison par l’entrée principale. Le gardien était un véritable bon à rien. Anthony se dirigea vers la chambre en longeant les murs pour ne pas se faire voir par la caméra. Lors de sa première visite, il avait décelé les mouchards, et essayait de ne pas être dans leur champ de vision. Matthieu Suppôt était paisiblement plongé dans son sommeil sans fin, le visage tourné vers sa fenêtre, les reflets de la lune illuminaient sa peau, le tueur l’aurait pris en pitié tant l’image semblait religieuse.
— C’est parce que je veille sur lui.
Anthony sursauta à peine. Un homme élancé renfrogné dans le fauteuil avec un t-shirt fantaisiste orné d’un beau slogan « No pain = No Humans » était là et avait l’air de l’attendre.
— Vous aviez rendez-vous ?
— Oui. J’ai annoncé que je repasserais. J’ai moins de haine à chier sur l’humanité.
— J’ai vu que vous aviez trouvé de quoi passé vos nerfs. Anthony était mal au point. Ses cheveux pendouillaient gras devant son visage, ses mains noircies par la terre et le sang séché, mais il se tenait droit, complètement passible.
— Oui, tout va s’arrêter bientôt. Il me faut juste cette dernière âme.
— Non, celui-ci n’a pas encore terminé. Anthony observa attentivement l’homme qui ne semblait pas avoir peur de lui et restait assis sans aucune méfiance. Il avait avalé des hamburgers à peine entamés, jeter dans une benne. Il avait maudit les gaspilleurs entre ses dents et avait tout gobé puis Anthony était entré dans le restaurant pour demander de l’eau. Sur son chemin, il avait aperçu un petit entrepôt où l’on déchargeait des cadavres d’animaux, il avait accédé aux locaux puis avait écrasé son marteau sur les travailleurs. Aucune femme ne s’était trouvé parmi eux, peut-être que la presse serait plus clémente. Anthony avait ramassé les outils pour ruiner le visage de ses victimes. Il dépeça certains corps, puis ouvrit les cages thoraciques afin d’accrocher ses toiles morbides au crochet de boucher. Il rabattit à nouveau sa capuche et se faufila dans la foule, porcs suintants de suffisance, macchabés ambulants dépendants de leur téléphone, consommateurs sans but, errant là… Il ne croisait que des zombies, une mer de vers vivants. Anthony avait alors repris sa place derrière les arbustes de la propriété de Matthieu Suppôt pour attendre le bon moment d’y pénétrer sans être remarqué. Et jamais, il n’avait vu ce gus entré.
— Vous êtes qui ?
— Tu ne me croirais pas.
— T’es une sorte de faucheuse, un truc comme ça ?
— Pas loin, fils. Anthony eut un léger sourire, puis il pouffa un peu.
— T’as grave merdé si tu es ce fils de pute… Fils de qui d’ailleurs ? On peut parler d’auto-insémination ? Anthony s’approcha de Mat menaçant pour voir ce qu’il se produirait, mais Dieu ne bougea pas même un sourcil.
— Sois je gobe ton délire, sois tu sais ce qu’il va se passer. Le sourire de Dieu lui glaça le sang. Cet échange le figea, mais il reprit peu à peu de la contenance, se rappelant pourquoi il était là.
— Tu pourrais notamment me dire où se trouve Dupont de Ligonnes pour que je te croie un peu, tenta Anthony.
— Ça ne servirait à rien, je peux inventer n’importe quoi.
— Pourquoi lui ? Je ne suis pas certain qu’il ai foi en toi. Laisse-moi l’emmener avec moi. Quelque part, je le soulage de la merde qu’il a provoquée avec son livre et d’être un fardeau supplémentaire pour toi.
— Je pense qu’il a eu de la chance que je passe dans le coin. Vous êtes si nombreux, si complexe, si enclin à la supplication. Aide-moi ! Aide-moi ! Dieu ou pas, il est impossible d’exaucer tous les vœux ou de veiller sur tout le monde. Toi, je n’ai pas eu le temps…
— Jamais eu le temps. Ni enfant, ni ado, ni adulte… Il est trop tard, mieux vaut ça que d’être accro à cette réalité de merde et à tout ce qu’elle engendre de conneries inutiles.
— C’est aussi con que ça. Je ne t’ai pas entendu, tu t’es jamais laissé aller à la plainte…
— Que pourrisse ce monde dégueulasse que t’as chié sans t’en occuper, le coupa le jeune homme. Dieu vit Anthony sortir un couteau de sa manche et le planté dans sa poitrine, en plein cœur. Il savait que ça allait se produire comme ça.
— Je culpabilise si c’est ce que tu cherchais. — T’es un père indigne, grimaça Anthony qui tentait de sourire et présenta à son créateur l’image absurde d’un homme aux dents rouges. Le tueur s’avança et tomba à ses pieds.
— Je te hais. Mon enfer était de vivre. Tu m’as laissé crever.
— Désormais, je te vois.
— Ça me fait une belle paire de jambes… Le plafond s’éclaircit d’un coup, la lumière fut si intense qu’Anthony ferma les yeux pour de bon. Le vigile avait perçu du bruit, il ouvrit la porte de la chambre à moitié nu, pour examiner la pièce. Il ne trouva que l’auteur endormi, mais quelque chose de troublant le fit approcher du comateux. Sa maitresse l’avait suivi et sa mâchoire faillit se décrocher lorsqu’elle remarqua aussi la larme qui s’échappait de la paupière gauche de Matthieu Suppôt.

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