LE BEAU AU BOIS DE BOULOGNE, PARACELSIA LE SAIGNÉ – LECTURE 10

Le Dojo Fifi Roukine (taille reelle)
Couverture réalisée par Paracelsia Le Saigné

 

« Un jeune écrivain plonge dans un coma douteux qui profite à son éditeur et voit défiler à son chevet ses détracteurs/trices et admirateurs/trices. »

Parapet émergea calmement, elle ouvrit les yeux sur la tâche de mouche écrasée au plafond, elle reconnaissait les moulages particuliers et drapés de la chambre de Mat. Avec ce qu’elle avait ingurgité plus tôt, elle aurait dû avoir envie de crever dès son réveil, mais elle se sentait extrêmement bien, reposé. Malencontreusement, la sérénité qui l’avait envahi retomba au son de la voix de Sophie qui riait aux éclats. Parapet se redressa pour apercevoir Satan près de sa comparse qui semblait trouver hilarante la scène odieuse qui se déroulait sous leur yeux ; une femme déguisée en Licorne tentait de pisser sur le visage de Mat. Sans réfléchir, elle se précipita vers la prétendante pour la plaquer au sol. Parapet se fit très mal, pas autant que la folle qu’elle venait d’arrêter et qui hurlait sa douleur, mais ses genoux avaient claqué sur le carrelage.

— Mais Pit-bull chéri, tu es vraiment trop émotive.

— Je m’apprêtais à filmer. Tu sais ce que ça aurait pu rapporter ? Souffla Satan sincèrement embêter.

Sophie l’aida à se relever.

— Et moi ? gémissait la licorne.

Satan prit le relais et sans un mot, il la souleva du sol, la regarda intensément.

— Je veux bien que tu me montres ce que tu peux faire sur une cible vivante. Ça te plairait ?

La jeune fille était ravie, ses joues prièrent une couleur délicate et rosée, ce qui fit bander Satan et elle lui souria émue, dévoilant son appareil dentaire aux ligatures arc-en-ciel qui remua l’homme.

— C’est vrai ? Je pourrais jouer avec vous ?

— On y va. Je t’appelle demain, Soso.

Sans quitter la curiosité entre ses bras, Satan se précipita vers sa voiture. Parapet était de nouveau assaillit de toutes les émotions possibles qui l’usaient. Sophie l’observait en silence, elle s’effleurait les coudes et les genoux pour voir si elle ne ce n’était pas luxé quelque chose.

— C’est grave d’être aussi barbante. Tu vas encore me sortir l’argument de « c’est un être humain gnan, gnan, gnan… » ?

Parapet l’ignora.

— Ne dis pas merci surtout, le vigile a appelé Mathieu, tu hurlais sans t’arrêter à moitié folle dans la maison. Apparemment, le type d’hier t’a refilé de la mauvaise came ?

Parapet s’entêta à ne rien répondre, elle toisa Sophie et alla au chevet de Mat pour le replacer dans son lit et le couvrir décemment.

— Ho, maman, tu te calmes oui ? Il ne voit rien, n’entend rien, tout le zèle que tu déploies ne servira à rien.

Parapet ne supportait pas de veiller sur son client dans cet état. Elle espérait qu’il serait assez futé pour lui avoir fait une blague idiote, mais tout ces tarés qui se ruaient vers son corps inerte, cet esprit coincé dans un ailleurs inatteignable, cette anxiété permanente. Elle ne sait pas encore combien de temps elle allait tenir.

— Je te paie un restaurant. PARA ! Reviens vers moi ! Je te paie un restau.

Elle se laissa entraîner par Sophie qui l’agrippa par le bras et l’éloigna de Mat, de la demeure de l’écrivain dormant.

À table, Parapet regarda intensément Sophie qui papillonnait dans le monde avec autant d’aisance qu’une ballerine sur un lac tranquille. Elle l’énervait vraiment. Sophie charma le serveur qui revenait constamment voir si tout allait bien, alors qu’elles n’avaient même pas encore commandé.

— Rapportez-moi un petit kir cassé pour commencer mon chou.

Le puceau semblait aux anges, il devait avoir la vingtaine, et fantasmait peut-être déjà sur cette fascinante cougar qui possédait le décolleté le plus obscène de toute la salle.

— Para, pourquoi tu t’éternises auprès de lui ? Auteur célèbre ou pas, tu m’inquiètes. Avant, tu aurais exploité tellement de failles pour sauver ta boîte ou juste ta santé mentale.

— Il mérite que je le protège…

— Ça reste un homme, tu te souviens de tes paroles ? Un sacré manipulateur, un égoïste…

— Il m’a énormément aidé, j’ai relevé la tête grâce à lui après Michael, après la fange où on m’avait traîné.

— Sacré gourou… Tu es devenue pénible.

— Je suis plus réfléchi. J’ai appris avec lui à peser mes mots et mes actions pour éviter d’en endurer les conséquences.

— Tu aurais pu apprendre tout ça avec le cannabis.

Le serveur lui apporta un grand verre et lui laissa une note qu’elle glissa tout de suite dans son sac à main. Il s’éloigna en lui adressant un clin d’œil coquin.

— Avant, tu aurais cherché à te le faire. Sincèrement, c’est la pire chose qui pouvait t’arriver ce Matthieu Suppôt.

— Je ne suis pas vraiment d’accord. Mais je ne vais pas argumenter avec toi.

Sophie avala une petite gorgée de son kir puis en prit une autre avant de changer d’attitude avec Parapet.

— Tu m’en veux toujours ?

Non, elle s’en moquait. Elle se souvenait juste d’une douleur immense, comme un feu éteint d’un coup dans la pièce, en elle. L’amour était un poison qu’elle n’avait jamais souhaiter découvrir, mais on ne choisissait pas.

— Il a décidé que c’était toi ce soir-là. Qu’est-ce que j’aurais pu y faire ? Mais ça va, je t’assure.

Elle avait attendu longtemps avant de le revoir, il y avait eu une fête pour célébrer les ventes faramineuses d’un livre sur un petit sorcier, Satan avait eu un flair terrible. Michael était arrivé, Parapet avait le souffle coupé de le savoir si près d’elle. Il était venu pour elle, c’était incontestable. Mais à la fin de la party, il avait frappé à la porte de Sophie. Et tout le soir, paralysée dans le couloir sombre, elle avait fait le guet devant la chambre de sa collègue, écoutant le moindre frémissement, le moindre déplacement dans l’air. Elle était persuadée qu’elle avait halluciné certaines choses, mais son cœur s’était barré avec les cris. Parapet avait glissé sur la moquette de l’hôtel, blesser atrocement, la poitrine ouverte, la respiration au point mort, les traces de coups dedans, elle avait rampé toute la nuit pour regagner son lit et retrouvrer son souffle, recouvrer la raison.

Mais le lendemain, elle avait été très professionnelle, froide, plus que distante. Michael lui avait expliqué tout un tas de raisons qui avait amené cette décision, mais aucune ne lui convenait. Parapet avait envoyé tout le monde se faire mettre en démissionnant quelque temps après pour se vider, s’évider, chanceler partout où elle pouvait grappiller de l’amour.

— Avant, je voulais sortir avec des garçons gentils. Je les adorais charmant, intelligent, doux, mais ils préféraient les filles plus mignonnes, futiles, discrètes au nez troussé, les yeux pétillants. Des parfaites idiotes qui gloussent. J’ai essayé d’être moins moi-même, mais en grandissant, ils courent après les salopes comme toi.

– Aoutch !

— Mais mon client m’a appris à penser… Penser et cesser de me faire du mal. Je me vidais, j’aime, je suis un ogre qui avait toujours besoin de donner tout ce qu’elle avait et croit moi, c’était immense, mais moi, on me baise et on m’oublie. Dans ce cloaque qu’était ma vie, je n’avais même plus le droit de demander un peu de respect, Sophie. Mon client m’a appris à ne plus rien attendre et anticiper les balles qui vont m’érafler ou me détruire. Je lui suis redevable. Je reste un ogre bourré d’envie, mais je m’évade autrement maintenant.

— Je te demande pardon. Mais tu sais comme moi que les gentils n’existent pas, je m’adapte, tu devrais le faire aussi pour éviter les fuites sentimentales.

— Tss…

— C’était juste un connard qui avait besoin d’autre chose. Il a merdé, j’ai cédé, tu mérites mieux.

— Je ne mérite rien Sophie, c’est fini. Mon taff, c’est mon unique motivation.

Elle s’était interrogée longtemps sur la nature des pulsions de Michael. Il avait pourtant demandé à ce qu’elle vienne pour qu’ils puissent à nouveau être seuls tous les deux et s’oublier un instant l’un dans l’autre. Mais nuit blanche, anxiété et vomissements lui avaient remis les idées en place.
— Je n’ai pas faim Sophie. Je rentre, je dors. Demain, je me charge de la personne inattendue du jour.

— Je sais que tu n’apprécies pas la télévision, mais je te conseille de jeter un coup d’œil ce soir, d’accord ? Lui lança Sophie, tandis qu’elle s’éloignait sans un mot, pas même pour le serveur qui lui souhaita une bonne fin de journée.

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