Épisode 10 : Partenaire nocturne
Couverture réalisée par Fifi Roukine, source photo : RODNAE Productions
Laure accepte les sentiments qu’elle éprouve pour Greg depuis leur rencontre.
Laure gémissait. Une vague incandescente la tira d’un sommeil agité où les corps s’entremêlaient. Ses paupières papillonnèrent sur l’obscurité. Le colosse qui la surmontait s’estompa, elle en geignit de frustration. S’éveiller la laissait le ventre creux et le sexe trempé, humer les draps la consuma plus encore. Sa chair exigeait désormais le plaisir initié dans ses rêves, ce besoin en devenait presque douloureux.
Greg dormait encore, son souffle régulier lui caressait l’épaule. Elle se sentait minuscule à ses côtés, un ascendant inédit dont le magnétisme l’attirait depuis des mois. Percevoir son imposante proximité exacerba son envie, resserrer les cuisses sur sa faim lui compressa le clitoris. Une onde en propagea l’incendie jusqu’à lui griller les orteils, elle ne pouvait plus se réfréner.
Sans plus résister à la transgression, sa croupe se pressa contre le boxer qui la séparait de l’objet de ses convoitises. Un monstre au repos se logea entre ses fesses, jauger son gabarit la survolta assez pour perdre toute mesure.
Laure se tourna et s’empara de la virilité qui s’allongeait. Un soupir ensorcelé échappa à son propriétaire quand elle l’extirpa du tissu. Encore à moitié dans les vapes, Greg roula sur le dos. La bête tapie en son sein l’exhorta à profiter de cette proie assoupie. Elle le chevaucha aussitôt. Dure, veineuse, la queue qu’elle empoignait la défiait de l’entreprendre.
— Laure… Attends, balbutia-t-il alors que, soudain conscient, il fouillait sa table de nuit avec frénésie.
— Je ne veux plus attendre !
Sa vulve liquide lui avala le gland.
La réalité dépassa le fantasme nocturne. Si goûter sa chair crue la chavira, la sensation ressuscita aussi sa lucidité. Pourtant, au mépris du bon sens qui tentait un retour, elle s’empala, empan après empan, le râle indécent. Il se redressa et s’appropria sa bouche. Sa langue se mêla à la sienne dans un flirt dont la passion déborda, vorace, bruyante.
Ce baiser impérieux la combla autant que la trique chauffée à blanc qui sondait avec l’aisance que lui offrait le ruissellement du stupre. Se soumettre au vice originel lui prodiguait un plaisir dont la subversion décupla sa réceptivité. Embrochée jusqu’à la garde, Laure frôla l’extase. Elle s’en cambra dans son étreinte, il en resserra l’emprise.
— Laure… Qu’est-ce que tu me fais faire.
La raideur qui l’éventrait oscilla. Un gazouillis enfiévré lui échappa.
— Tu m’en veux ?
Elle remua lentement le bassin. Il ronronna.
— Et toi, m’en voudras-tu ?
Il lui captura les lèvres puis la renversa sur le matelas. Son poids lui coupa le souffle.
Un doux va-et-vient la façonnait peu à peu à son format dont les veinures prononcées s’alliaient à son indolence pour l’exalter. Elle mouillait à grand fleuve. Son intimité dégoulinait de joie, jamais accueillir un mâle ne l’avait ainsi lubrifiée, jamais une pénétration primaire ne l’avait exaucée à en tourner de l’œil. Un vertige qui la menait déjà vers l’abandon. Tout son être désirait cet emboîtement où son esprit semblait avoir migrer. Des mois à l’attendre avait exacerbé sa sensibilité.
— Plus fort ! C’est tellement bon !
Greg accéléra l’ondulation et l’aiguillonna au parfait endroit. Le brasier s’y concentra, son vagin s’en contracta. Culminer la foudroya presque par surprise, elle en convulsa sous son amant.
Dans la pénombre, son regard luisant la surplombait, l’appétit semblable au sien. Leur bouche s’effleurèrent, leurs haleines se mélangèrent. En nage, ivre de chaleur et de plaisir, elle frémissait au moindre remous. Sa chair resserrée par l’orgasme enrobait toujours une énorme érection.
— Je rêvais d’être entièrement en toi, lui confia-t-il, le timbre incandescent. Je pourrais coulisser dans ton ventre et t’entendre jouir pendant des heures.
Il lécha ses lèvres haletantes. Elle tressaillit face à cette licencieuse perspective.
— Tentant, mais impossible…
Imaginer son endurance l’embrasa.
— La méditation améliore mes performances. Mais je préfère te remplir de mon amour.
— Non !
Un abrupt coup de rein corrigea sa rébellion. L’impact lui extirpa un cri lubrique. Son rire conquérant résonna dans son crâne telle une promesse de victoire, sa faiblesse lui assurait de perdre.
Pourtant, il recula.
— Je vais mettre une capote.
— Non !
Elle s’agrippa à son cou.
— Reste en moi ! le pria-t-elle tandis que ses jambes se resserraient autour de sa taille.
— Dans ce cas, j’éjaculerai seulement si tu le réclames.
Un puissant aller-retour la transperça, le butoir d’acier la fendit en deux. Vigoureux, autoritaire, son amant réitéra l’estocade pour obtenir sa reddition. Elle ne lui accorda que ses encouragements. Cent kilos de muscles en sueur l’écrasaient, sa masse érigée l’écartelait, la pourfendait en force ; Laure ne pensait plus.
— C’est…si…bon… Si bon ! ahana-t-elle aux prémices d’un nouvel orgasme.
Il suspendit son mouvement. La frustration lui arracha une embarrassante plainte, il ne pouvait pas s’arrêter maintenant.
— Continue… S’il te plaît.
Sa supplique eut l’effet contraire, il se retira complètement. Le vide la rendit dingue, cet homme avait allumé un feu qui ne voulait plus s’éteindre.
— Faut que j’enfile fissa un préservatif.
— Greg, viens te répandre en moi. Je veux t’entendre jouir !
Laure, les cuisses outrageusement écartées, agitait un bassin quémandeur quand il alluma la lampe de chevet. Le contempler nu la subjugua : bâti comme un taureau, membré comme un étalon, Greg incarnait la brute par excellence, un colosse à l’attitude de fauve sur le point de la dévorer.
— Tu es magnifique. Toute luisante, tellement obscène que je peine à croire que je suis bien éveillé.
— Prends-moi vite !
Il sortit un emballage de capote du tiroir. Le geste déraisonnable, elle l’attrapa et le balança au loin.
— Tu es vraiment sûre ?
— Je veux tout.
Sa vigueur sonda sans empressement, elle l’observa disparaître et la soulager à chaque centimètre englouti. Aucune queue ne l’avait soumise aussi implacablement avant celle-ci.
— J’adore te sentir en moi, lui avoua-t-elle, gémissante, remplie par sa masse compacte.
— Je veux m’y perdre.
Son amant l’étreignit, elle s’accrochait à sa nuque lorsqu’il amorça un brûlant pilonnage. Son clitoris, à profiter de chaque impact, pulsa en cadence. Leurs grognements se conjuguèrent pour embraser le tempo de leurs corps. Laure ne connaissait rien d’aussi bon que baiser avec cet homme taillé dans le bronze dont le parfum musqué la grisait autant que ses allées-venues. Leur union suffisait à la propulser vers des rives jamais atteintes.
Plus intense encore que le précédent, l’orgasme l’arc-bouta entre ses bras puissants, le nom du coupable lui échappa tel un juron enflammé. Les contractions frénétiques qui s’imposaient à son sexe compressèrent la virilité qui s’en rigidifia à l’extrême. Le délice crispait le visage de son amant quand sa trique se déversa.
Il poussa un rugissement d’animal en rut à un souffle de ses lèvres et l’imprégna, un jus à la fraîcheur inattendue. Une sensation qui la tourmenta d’un imprudent régal.
Elle lui captura la bouche pour prolonger leur plaisir. Il répondit à son baiser avec une fougue possessive. Immobiles, entremêlés, ils flirtèrent de longues minutes avant de se séparer.
Un flot tiède coula entre ses fesses lorsque Greg roula sur le côté. Alors que la béatitude de l’acte se dissipait, ses conséquences refaisaient surface ; ne lui restait qu’à se rendre au planning familial comme une idiote sans cervelle. Laure ne regrettait cependant pas un instant l’expérience charnelle qu’elle venait de vivre. Elle flottait, dans un état second, heureuse.
Curieuse, elle palpa son sexe qu’engluait le foutre. Cette caresse lui soutira un miaulement troublé, la semence lui infligeait des picotements lancinants. Un piaillement lui échappa.
— T’es vraiment à croquer, s’enjoua son amant qui joignit la main à l’attouchement.
Ses doigts pincèrent ses lèvres visqueuses pour en extraire le nectar.
— Greg… C’est trop… geignit-elle, la voix engorgée par l’euphorie.
Il la malaxa en douceur, une cuisante impulsion tendit prestement son bassin.
— Greeeeg !
La supplique se mêla à la jubilation, elle jouissait encore.
— Bon sang, il n’y a rien de plus délicieux à l’oreille.
Son tourmenteur lui déroba un baiser. Le sel de ses lèvres l’envoûta telle une promesses.
— Bonjour, lui susurra-t-il comme s’ils venaient juste de sortir du sommeil. Tu veux prendre une douche avant de déjeuner ?
— Je pensais qu’il faisait encore nuit.
Aucune lumière ne perçait à travers les rideaux. Amusé, le sourire du trentenaire se déploya lorsqu’il s’empara d’une télécommande. Un bouton pressé déroula des stores automatiques.
— Je t’avais promis de ne rien tenter vu notre taux d’alcoolémie. Il est sept heures.
L’aube printanière illumina une chambre à la décoration succincte.
— Tu dois sans doute aller en cours, ça te laisse le temps.
— Je suis en vacances. Sinon je n’aurais jamais découché ou bu autant en semaine, marmonna-t-elle, embarrassée par le doute qui lui encombrait soudain l’esprit.
— Alors reste. Je n’ai pas eu assez de toi.
Il la souleva entre ses bras et la plaqua contre son torse musculeux. Son odeur remplaça l’air dans ses poumons.
— J’ai envie de t’embrasser, de te lécher, de te mordiller…
Grave, profond, son timbre la captiva. Il s’en dégageait l’irrésistible virilité qui la charmait depuis des mois.
— Laure, je veux te faire l’amour et te baiser très fort… Je veux t’entendre gémir et crier mon nom !
Un désir incontrôlable dévoya son imagination. Son corps réagissait aux attentes de cet amant hors pair, ses émotions l’incitaient à se livrer à ses ambitions. Elle en trémulait, impatiente d’en obtenir davantage.
— Tu vas m’épuiser !
Le vert de ses yeux la toisa avec convoitise. Elle en frissonna, prise de passion.
— Et ce ne sera qu’un début.
Si cette sentence la calcina sur place, une question lui brûlait désormais les lèvres. Elle ne pouvait plus la négliger.
— Es-tu déjà en couple ? J’ai besoin de le savoir.
Laure se souvenait de cette blonde à forte poitrine, du sourire qu’il affichait alors. La jalousie lui lacéra le cœur, elle n’arrivait plus à la refouler.
— Non. Pas encore… Et je ne suis pas du genre à tromper la femme que j’aime, si c’est le sens de ta question.
Cette réponse la soulagea au-delà que ce qu’elle aurait cru. Un réconfort qui brisa le barrage érigé contre ses sentiments dont l’évidence la submergea. Elle était amoureuse et depuis longtemps. En prendre conscience la déstabilisa, incapable d’imaginer où l’emmènerait ce béguin. Une aventure qu’elle n’envisageait pas jusqu’à maintenant, trop volage pour ne chérir qu’un élu.
L’appréhension la gagnait au même titre que l’excitation face à l’inconnu, incertitudes et fantasmes se bousculèrent dans sa tête. Un flot d’informations qu’elle ne parvenait pas à analyser. Il était trop tôt. Elle le connaissait à peine. Mieux valait profiter de l’instant.
— Tu m’accompagnes sous la douche ?
— Avec plaisir.
Laure lui cueillit la bouche, un délice qui enterra ses doutes.
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